Alors voilà, nous y sommes, nous nous jetons dans le grand bain de l’édition en assumant notre folle envie de narrer nos propres histoires en toute liberté. Cette décision, prise avec Tamakeapa, implique de se poser la question de ce que sera cette maison d’édition.
Nous avons échangé à ce sujet et co-construit notre antre de création. Ce fut enrichissant et aisé puisque nous partagions la même vision et les mêmes besoins de liberté créative.
Puis vint la phase de personnification de notre proposition éditoriale.
Dans notre société, cette personnification repose sur la création d’un logotype, là où d’autres cultures auraient sans doute optées pour un totem. Vous verrez plus bas que cette comparaison n’est pas anodine.
Toujours est-il que dans le binôme que nous formons, l’un de mes costumes et celui du graphiste. Je me suis donc naturellement proposé pour réaliser le logotype. Et là…
Voyage en déconstruction
Je suis graphiste. J’ai réalisé des dizaines de logos ces 20 dernières années. Je me suis naturellement dit que ce serait trop fastoche de créer un logo pour le projet du siècle !
Fatal error…
Je n’avais pas anticipé qu’il me faudrait rebooter mon système pour réaliser ce logotype.
Je me suis donc lancé, sûr de moi, dans la conception du logo de notre maison d’édition. Bien entendu, j’ai suivi scrupuleusement la méthodologie professionnelle qui caractérise tout bon graphiste ! Rien ne devait être laissé au hasard.
J’ai commencé par une phase de recherche en gribouillant sur mon cahier de travail. Le symbolisme était de rigueur avec une dimension illustrative concernant le vent. Et bien entendu, je souhaitait qu’il y ait du dynamisme et de la force au service d’un traitement graphique élégant. Le tout réalisé en vectoriel sur Adobe Illustrator comme il se doit !
Voici la première version finalisée du logotype que j’ai envoyé à Tamakeapa. Sur le coup, j’étais très content de moi…
Verdict ? Trop froid et éloigné de la personnalité de notre projet. C’est vrai qu’avec du recul, cette proposition avait un côté trop graphique et désincarné.
Mais pas de drame, c’est un grand classique chez moi d’avoir besoin d’une première proposition « c’est bien, mais cela ne correspond pas à mes attentes » afin de bien me plonger au cœur de la personnalité de la marque à incarner.
C’est donc confiant que je me suis remis à l’ouvrage.
Errances
Je suis alors entré en terre inconnue. Au lieu de trouver la solution graphique à ce défi, je me suis enfermé dans une sorte d’errance créative, ne sachant plus à quel vent me vouer.
Voici un petit florilège des venelles empruntées.
En fait, j’illustrais la notion de « Participer au Vent« , mais je ne lui donnais pas vie.
Prise de conscience
J’ai alors décidé d’arrêter de suivre mes habitudes et je me suis demandé ce que représentait pour moi cette aventure.
La première réponse, la plus évidente, était que je voulais me libérer du diktat de la méthode. J’ai donc abandonné la méthodologie et les attendus de l’exercice pour choisir les outils qui me reliaient vraiment à cette tâche. Plus de vectoriel, mais une approche plus sensible et plus aléatoire par le papier crayon traditionnel avant un passage en matriciel sur Procreate. Et tant pis pour les heures passées à expliquer que les pros passent toujours par le vecteur.
La seconde réponse, la plus personnelle, consistait à reconnaître que j’avais besoin de rencontrer l’altérité créative qui incarnerait ce projet plus grand que moi. Ne pas tout contrôler. Arpenter de nouveaux sentiers en dialoguant avec l’insaisissable.
Je suis donc parti à la recherche d’un allié plutôt que d’une représentation graphique. Bien entendu, le chemin a encore été sinueux.
Rencontre
Cependant, de lacets en pentes ardues, j’ai fini par trouver le chemin vers Tatoom, l’esprit du Vent qui habite notre Maison d’édition « Participer au Vent ».
Une rencontre apaisante qui m’a libéré du poids d’une trop longue recherche de conformisme graphique. Non pas que je pense que ce logotype soit extraordinaire ou d’une incroyable originalité. Ce n’est en réalité pas le sujet. Ce n’est pas l’apparence et la construction du logo qui importe. Ce qui est essentiel, c’est d’avoir donné corps sans concession et avec sincérité à ce qui devait s’exprimer. Tatoom m’attendait, m’offrant un périple pour me débarrasser de mes entraves et faire le point sur ce que je voulais pour cette nouvelle aventure.
Et ce qui le rend si évident, c’est que cette rencontre soit partagée par Tamakeapa, celui qui a mis en mots le nom de cette Maison.
ADDENDUM : ce texte a été récupéré sur le site de la maison d’édition « Participer au Vent » qui finalement ne verra pas le jour. Mais ce fut une belle parenthèse 😉 !